
" J’ai pris goût à transmettre mon expérience "
Parcours d'un éclaireur
Dès la classe de seconde, Hervé se sait plus physicien que matheux. C’est naturellement qu’il s’oriente en Maths Spé P’, classe préparatoire réservée aux meilleurs de cette matière. Il rêve d’un métier original, voire un peu dangereux, en lien avec l’aéronautique, l’aérospatiale ou le nucléaire. Lorsqu’il intègre l’Ecole Nationale Supérieure de Physique de Grenoble, il choisit ainsi l’option nucléaire.
Pendant son service militaire, Hervé travaille sur Saclay, pour le CEA. Par hasard, il assiste à un forum Supélec. Cogema y propose 20 postes. L’un d’entre eux le séduit : ingénieur contrôle nucléaire procédé à la direction technique de La Hague. Il le décroche et embraye aussitôt sur le démarrage d’un atelier sur site.
À La Hague, Hervé est d’astreinte une semaine sur trois : il aime se sentir utile en réglant à tout moment des problèmes pour l’exploitant. Ne pas être plongé à plein temps dans la production lui convient également : “J’ai besoin de plages de créativité, qui me permettent de réaliser des études de fond“. Il a facilement accès aux techniciens du terrain comme aux membres de la direction et apprécie cette fluidité : “Une culture qu’Orano a su conserver“.
Une des premières missions d’Hervé est la conception de postes de mesure ACC. Il a carte blanche et remplit sa tâche à la perfection – ses postes fonctionnent aujourd’hui encore. Il passe néanmoins la main en cours de route : on lui propose son premier poste de manager en 1997.
" J’aime expliquer à mes collaborateurs le contexte des projets : cela les intéresse et les motive."
Hervé monte l’activité d’acceptation des combustibles non standards à la Hague. En contact direct avec les clients, il acquière une culture commerciale. Après un passage au management de programmes R&D à Saint Quentin en Yvelines, il passe de la maîtrise d’ouvrage à la réalisation : il devient Directeur technique de Canberra France, en charge de la coordination R&D européenne, en 2004. Implantée sur six sites dans le monde, cette filiale d’Areva fabrique des instruments de mesure nucléaire.
Jusqu’ici expert en criticité, Hervé se frotte aux aspects techniques de la production. Il y monte aussi une activité de service à forte valeur ajoutée. Membre du Codir, il prend de plus en plus goût à guider et accompagner ses collaborateurs dans leurs métiers.
Au printemps 2011, Hervé intervient sur un dossier brûlant. Un mois et demi après l’accident de Fukushima, les cuves d’effluents radioactifs de la centrale arrivent à saturation : elles menacent de rejeter leur contenu en mer. Pour parer à une nouvelle catastrophe, une solution permettant de concentrer davantage de réactivité à volume égal est trouvée.
Hervé a trois mois pour concevoir le système de mesure de ce nouveau procédé. Il embarque sur ce défi une équipe de collaborateurs volontaires, compétents et passionnés. 100 % dédiés au projet, ils travaillent sans relâche, week-ends inclus. Et parviennent à livrer le système en temps et en heure. Mission accomplie. Avec, plus que jamais, le sentiment d’avoir été utile.
Projet : Actiflo-Rad
Lieu : Fukushima, Japon
Objectif : concevoir le système de mesure du procédé de traitement des effluents de Fukushima
Enjeu : contribuer à éviter le rejet de substances radioactives en mer
Difficulté : l’urgence et des échéances extrêmement serrées
Résultat : le système a été créé dans les trois mois impartis
En 2012, Hervé rejoint Orano Mining, où il occupe aujourd’hui le poste de Directeur recherche développement et innovation. “Je voulais connaître l’intégralité du cycle du combustible. La mine, le domaine que je maîtrisais le moins, me permet de toucher à de multiples sujets : géologie, géophysique, minéralogie, environnement, intelligence artificielle…“.
Une diversité indispensable pour Hervé, qui cultive un large éventail de centres d’intérêts. Sportif, il pratique l’équitation avec sa femme et le basket avec ses enfants. Se passionne pour les jeux d’adresses, dévore les ouvrages de stratégie militaire. Se tient constamment informé des dernières avancées scientifiques. Et il veille toujours à transmettre son savoir en donnant, plusieurs fois par an, des cours dans des écoles d’ingénieurs.